À travers son programme Coiffeurs contre le Sida et sous l'égide de l'UNESCO, la Fondation L'ORÉAL soutient moralement la lutte contre le SIDA/VIH auprès de ses employés, de ses coiffeurs partenaires et de leurs clients.

Depuis quelques années, la forte augmentation des contaminations découle d'un relâchement de la prévention. Soutenue par L'ORÉAL, cette noble démarche des coiffeurs unis contre le SIDA permet, sur le modèle africain, de rappeler l'importance de la prévention dans une démarche sociale pour lutter efficacement contre le SIDA.

Prévention du Sida : le modèle africain

Pour des raisons sociales et par l'absence d'accès à l'information en Afrique, la prévention se fait essentiellement dans les lieux de rencontres sociales : restaurants, salons de coiffure (tresses, tissages), institut de beauté, de massage, etc. Propices aux échanges, à l'information et au dialogue, ces espaces font souvent l’objet de plusieurs usages : par exemple un salon de coiffure est conjointement un espace de tressage, un bar à l’heure de l’apéritif et un lieu de rencontres amicales ou amoureuses.

Petit rappel sur le SIDA

Le SIDA est l'abréviation de syndrome d'immunodéficience acquise, maladie causée par le virus d'immunodéficience humaine (VIH, HIV en anglais). La transmission est causée par contact avec le sang ou lors de rapports sexuels non protégés.

Dans une démarche globale de prévention, les associations de lutte contre le SIDA, comme AIDES par exemple, ont intégré dans leurs programmes d'information d'autres type de maladies transmissibles : les Hépatites virales et les autres infections sexuellement transmissibles (IST) dont le SIDA fait partie.

Et sur les hépatites virales

Les hépatites sont une inflammation du foie causées par un virus, les plus connues et les plus répandues sont les hépatites B et C, fréquemment asymptomatiques chez l’adulte et passent donc le plus souvent inaperçues. En France, on estime à environ 400 000 le nombre de personnes séropositives pour le virus de l'hépatite C (VHC) dont 65% en infection chronique, à 5 000 le nombre de nouveaux cas d’infection par an et à 4 000 morts par an (source INVS - Institut Pasteur).

Dans 50 à 90% des cas pour l’infection par le virus de l'hépatite C, la présence du virus entraine des hépatites chroniques susceptibles d’évoluer, à terme, vers une cirrhose et/ou un cancer du foie. La transmission du virus de l'hépatite C se fait essentiellement par contact direct ou indirect avec le sang, c'est à dire l'utilisation d'objets contaminés.

Les coiffeurs unis moralement, sinon en pratique ?

Bien que les pratiques professionnelles des coiffeurs et des autres métiers de la beauté (soins esthétiques, onglerie) ne soient pas reconnues comme à risque dans la transmission du SIDA, elles sont fortement soupçonnées dans la transmission des Hépatites virales. En effet, pour l'Hépatite C, dans 30% des nouveaux cas dont l'origine est inconnue sont fortement soupçonnés les coiffeurs avec la réutilisation d'outils de rasage (1), les manucures et les prothésistes ongulaires essentiellement avec les fraises des ponceuses et le petit matériel pouvant rentrer en contact avec le sang et les liquides biologiques (2), mais aussi les acuponcteurs et les pierceurs, aujourd'hui formés et sensibilisés à l'hygiène.

En pratique, plus par une absence d'information que par un manque de volonté, l'hygiène du matériel utilisé par les professionnels de la beauté (coiffure, soins de beauté, onglerie) est aléatoire, les performances des produits désinfectants sont souvent limitées, les temps de pause (temps de contact) nécessaires indiqués par les fabricants ne sont pas respectés, les stérilisateurs à UV sont inefficaces, l'hygiène des mains n'est pas systématique, etc.

En milieu hospitalier, c'est pour mieux se protéger et protéger les autres de tout risque de contamination que les professionnels de santé font preuve de la meilleure hygiène possible et ce, en ayant connaissance du dossier médical des patients. En beauté, l'état de santé des clients est inconnu, eux-mêmes souvent l'ignore, le contact est fréquent et direct avec du public, les outils utilisés possèdent des propriétés piquantes, coupantes et tranchantes  : une prévention de tous les instants doit être menée en assurant l'hygiène des services et la sécurité des clients.

Est-il nécessaire de rappeler la responsabilité des professionnels de la beauté selon le Règlement Sanitaire Départemental (RSD - Art. 118) : "Les objets employés par les coiffeurs, manucures, pédicures et esthéticiennes doivent être entretenus de manière à n'être en aucun cas une cause de transmission d'affections contagieuses et l'opérateur doit pour chaque client désinfecter ses instruments".

En conclusion

Les professionnels de la beauté (coiffeurs, esthéticiennes, manucures) sont un relai indispensable de sensibilisation dans la lutte contre le SIDA. Les coiffeurs, les esthéticiennes, les professionnel(le)s de l'ongles doivent être des acteurs à part entière dans la prévention des maladies transmissibles : bactéries, champignons (mycoses), virus. Le lavage des mains et l'hygiène du matériel doivent être systématiques quel que soit le client, sans distinction aucune.

Sources

1 - Hépatite C : La révolution en cours - Le Figaro

2 - Hépatites B et C : Attention aux manucures et pédicures - Le Figaro Santé

Crédit photo : AIDES